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La revue de presse de janvier

Entre partiels et pandémie, le mois de janvier a constitué une période particulièrement difficile pour les étudiant·e·s, menant parfois à des drames. Dans ce contexte tendu, le gouvernement amorce quelques mesures, dont le retour sur les campus. Tour d’horizon des actualités du mois.
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Illustration revue de presse janvier 2021 - deux journaux

Le retour des étudiant·e·s sur les bancs de la fac

Ce début d’année a été marqué par de nombreux appels à la réouverture des universités. Des appels initiés en premier lieu par les étudiant·e·s, et relayés dans de nombreux médias, comme France BleuOuest France ou encore Actu.fr. Ces demandes émanaient aussi parfois de directeur·rice·s d’établissements d’enseignement supérieur, comme Manuel Tunon de Lara, président de la Conférence des Présidents d’Université, et Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, qui exprimaient ces revendications sur France TV Info.

Face à ces appels, lors de son allocution hebdomadaire du jeudi 14 janvier, le premier ministre Jean Castex, aux côtés de Frédérique Vidal, a annoncé la réouverture progressive des universités, à commencer par la reprise des TD en présentiel en demi-groupes pour les étudiant·e·s de première année. Une annonce reprise par LCI, qui s’accompagne, selon France Inter, de la mise en place d’un « chèque santé mentale » disponible à partir du mois de février.

Dès le lendemain, des étudiant·e·s ont réagi à ces déclarations. C’est le cas dans Le Télégramme, où plusieurs se sont dit déçu·e·s par ces annonces et ces mesures jugées insuffisantes. Beaucoup espéraient une réouverture, certes partielle, mais qui aurait concerné plus d’entre elles et eux. D’autres ont dénoncé leur sentiment d’être infantilisé·e·s, comme Eléonore Schmit, fondatrice du collectif « Derniers confinés », qui l’expliquait au micro de France Info. Les syndicats étudiants considéraient aussi la réouverture aux seul·e·s étudiant·e·s en L1 insuffisante. Paul Mayaux, président de la FAGE, l’expliquait dans 20 Minutes. Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, appelait également sur France Info à « aller plus vite » dans cette réouverture.

La Conférence des Présidents d’Université, par le biais de son président Manuel Tunon de Lara, a également fait savoir sur Europe 1 que les mesures n’étaient à ses yeux pas satisfaisantes, et a rappelé l’urgence de faire revenir sur site l’ensemble des étudiant·e·s au plus vite. Eric Carpano, président de l’Université Lyon 3, a également affirmé au micro de France Info que les universités pouvaient et voulaient aller plus loin.

Cette déception généralisée s’est traduite par des mobilisations d’étudiant·e·s devant les universités. Le Parisien Etudiant a pu filmer une de ces manifestations. À Lyon, Saint-Etienne, Grenoble, Clermont-Ferrand et Chambéry, une large intersyndicale a organisé une mobilisation croisée le 21 janvier afin de demander la réouverture au plus vite à l’ensemble de la population étudiante, rapporte Le Progrès. Le jour J, ce sont finalement de nombreuses villes étudiantes de France qui ont vu défiler les étudiant·e·s. Nice Matin a pu rencontrer certain·e·s étudiant·e·s mobilisé·e·s afin de faire le point sur leurs revendications.

Face à ces mouvements nationaux, Emmanuel Macron a annoncé jeudi 21 janvier, lors d’un déplacement au sein de l’université Paris Saclay, trois mesures destinées aux étudiant·e·s. Le Huffington Post répertorie ces mesures : un retour des étudiant·e·s dans les universités un jour par semaine, la création d’un « chèque psy » pour pouvoir consulter un·e professionnel·le de santé mentale, et deux repas par jour à un euro dans les restaurants universitaires. Une décision saluée par Manuel Tunon de Lara, dont les propos sont rapportés par France TV Info.

La dernière semaine de janvier a donc marqué pour certain·e·s étudiant·e·s un retour sur les bancs de l’université. France 3 Régions a ainsi suivi des enseignant·e·s et des étudiant·e·s à l’université de Montpellier. Le journal Les Echos est lui aussi revenu sur cette réouverture. Saluée par les président·e·s d’université, elle n’en est pas moins un casse-tête administratif pour les personnels. De manière générale, plusieurs acteur·ice·s continuent de juger que les mesures annoncées par le chef de l’Etat sont insuffisantes, comme le montre France 3 Régions.

Des partiels sous tension

Le mois de janvier est traditionnellement le moment des partiels du premier semestre, une étape souvent compliquée. Cette année, la période des partiels s’est révélée particulièrement éprouvante pour les étudiant·e·s, entre crainte du retour à l’université, respect douteux des gestes barrière et problèmes techniques. Trois étudiantes expliquent à L’Etudiant leur situation et leurs craintes pour leur santé mentale. En conséquence, les étudiant·e·s se sont mobilisé·e·s, via notamment des rassemblements devant les universités, comme le rapporte France TV Info. À Nantes, un incendie a eu lieu la veille du début des épreuves dans la halle où devaient se tenir les examens. Cela s’est accompagné de messages sur les murs protestant contre la tenue des partiels en présentiel en pleine crise sanitaire. Libération revient sur cet acte et ses raisons. Plus globalement, Mélanie Luce, la présidente du syndicat étudiant Unef s’est exprimée sur le sujet auprès de France Info. Elle est notamment revenue sur la décision de ne pas organiser de sessions de substitution pour les étudiant·e·s atteint·e·s de Covid-19 ou cas contact. Et la colère des étudiant·e·s s’est finalement cristallisée dans le mouvement #EtudiantFantomes, qui a très vite atteint les tendances sur Twitter. La Dépêche nous en dit plus sur ce hashtag et cette colère.

À l'Université de Paris, les étudiant·e·s en médecine ont vu leurs partiels décalés en raison d’un problème technique. Ce dysfonctionnement, dernier en date d’une longue série débutée en septembre, a excédé selon Le Figaro Etudiant les futur·e·s professionnel·le·s de santé, qui ont riposté en lançant sur Twitter le #Mentalbreakup, qui leur a permis d’exprimer leur colère et de mettre en avant les conséquences de cette situation sur leur état psychologique.

L'image du mois de janvier 2021

Appels de détresse et cris du cœur

En plus des nombreux témoignages d’étudiant·e·s en détresse, diverses études font état du mal-être grandissant de cette population. Ainsi, Le Parisien a dévoilé un sondage Ipsos pour la Fondation FondaMental, selon lesquels 40 % des 18-24 ans souffriraient d’un trouble anxieux généralisé. Une autre enquête, celle de l’Observatoire de la vie étudiante, met en évidence une forte baisse de la satisfaction des étudiant·e·s vis-à-vis de leurs études, explique Le Monde. On peut également noter une hausse de 10 points du nombre d’étudiant·e·s qui déclarent présenter des signes de détresse psychologique par rapport à 2016.

L’avenir est lui aussi une forte source d’inquiétude, comme l’ont montré les intervenant·e·s d’un podcast diffusé sur France Culture, où des spécialistes et des journalistes se sont interrogé·e·s sur le futur des étudiant·e·s que l’on qualifie aujourd’hui de « génération Covid », et sur leur état mental en cette période de crise sanitaire.

Et ces difficultés psychologiques mènent parfois à des drames. Le Monde revient ainsi sur les suicides d’étudiant·e·s qui ont égrené ces derniers mois, et sur l’état psychologique de cette population, à l’aide notamment d’études menées par l’Observatoire de la Vie Etudiante. D’autres médias ont réalisé des tours d’horizon. France Culture propose ainsi une compilation de ses reportages des derniers mois sur le sujet. L’occasion de revenir sur les nombreuses difficultés rencontrées par la population étudiante depuis le début de la crise sanitaire. 

Face à ces difficultés, nombre d’acteur·rice·s ont cherché à être entendu·e·s par le biais de lettres ouvertes. C’est le cas d’un collectif d'élu·e·s étudiant·e·s et d'associations de Mulhouse, qui a publié dans Médiapart une lettre destinée à Emmanuel Macron, Jean Castex et Frédérique Vidal. Les appels de détresse peuvent parfois mener le gouvernement à s’exprimer à son tour. Ainsi, le youtubeur Gaspard G, auteur d’une vidéo virale sur le mal-être des étudiant·e·s,  a reçu un appel du Premier ministre Jean Castex, selon La Voix du Nord. L’occasion de revenir sur la crainte d’un nouveau confinement et d’un nouveau semestre en « tout distanciel ».

Initiatives de soutien

Face à ces cas de détresse, les initiatives citoyennes ont continué d’affluer. Des étudiant·e·s de l’Université de Limoges ont créé l’association Etutel, qui permet aux étudiant·e·s en détresse de laisser leurs coordonnées et d’être rappelé·e·s par un·e bénévole qui les écoute et les redirige au besoin vers un·e professionnel·le de santé mentale. France 3 Régions nous en dit plus sur ce dispositif. À Grenoble, une ligne d’écoute a vu le jour sur le campus de l’université. France TV Info nous en explique le fonctionnement.

Pour tenter de mieux aider cette population, Jean-François Perez, psychologue universitaire, propose dans une vidéo Brut diffusée sur France TV Info de poser aux étudiant·e·s trois questions qui permettraient de déceler un mal-être psychologique, et de pouvoir ainsi le prendre en charge. Il insiste également sur la nécessité de prendre des nouvelles des personnes isolées par la pandémie. De même, le magazine Tapage s’est associé à Nightline France pour proposer des conseils destinés aux étudiant·e·s, afin qu’ils et elles puissent prendre soin de leur santé mentale en cette période troublée.

Les président·e·s de régions cherchent aussi des façons d’accompagner les étudiant·e·s. Ainsi, par le biais d’une interview accordée au Figaro Etudiant, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a détaillé les mesures mises en place pour lutter contre la précarité et le mal-être des étudiant·e·s pendant la crise sanitaire. Parmi ces mesures, une plateforme d’écoute psychologique, baptisée Écoute Étudiants. Le Parisien revient sur son fonctionnement.

Rédacteur·rice : Allisson Haas
Publié le 05/02/2021 à 16h23
Dernière mise à jour le 10/03/2021 à 10h41