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Art et santé mentale : l’exemple de Yayoi Kusama

Emmitouflé·e·s dans vos chaussettes fourrées et gros manteaux pour flâner dans Paris, vous l’avez peut-être remarqué, mais Louis Vuitton a habillé de pois multicolores la façade de son immense magasin sur les Champs-Elysées. C’est parce que cette maison française entame une nouvelle collaboration avec la japonaise Yayoi Kusama, artiste plasticienne aux mille talents. L’occasion de revenir sur cette femme aussi captivante que bouleversante, sur un chemin entre santé mentale et expression artistique.
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Polka dots

Retour sur l’histoire d’une femme inspirante

Yayoi Kusama est née le 22 mars 1929 à Matsumoto, au Japon. La jeune fille s’intéresse tôt au dessin et à l’art. Elle grandit dans une famille menée par un père strict, et développe un trouble obsessionnel avec des hallucinations visuelles. Loin d’être définie par son trouble, Kusama représente une artiste majeure du monde de l’art contemporain. Kusama mène ses études d’art contre l’avis de ses parents, à Kyoto. Elle fascine avec ses œuvres psychédéliques, confectionnées avec divers matériaux comme de vieilles chaussettes ou encore des draps, d’une barque, de plexiglas…Les expositions autour de son travail sont un lieu d’émerveillement, passant entre couleurs vives, lumières et textures. C’est une aventure à la fois renversante et saisissante, oscillant entre rêve et réalité. (Polka dot Madness, Yayoi Kusama

D’une infinie poésie, Yayoi Kusama nous invite à travers ses productions à trouver une place dans la beauté de son univers si vaste et si primitif. Elle fait par exemple de ses reproductions infinies de pois un symbole de paix entre le féminin et le masculin, ses célèbres cercles colorés représentant pour elle autant le soleil (dimension masculine) que la lune (dimension féminine). Engagée, elle participe dans les années soixante au mouvement hippie prônant la liberté sexuelle et le féminisme. 

L’art et la thérapie

Admise dans un hôpital psychiatrique à Tokyo à sa demande dans les années 70, elle présente d'elle-même son art comme une thérapie. Elle continue d’ailleurs à se rendre à son atelier, proche de son établissement psychiatrique. L’infini est son thème favori, et s’exprimer à travers l’art est selon elle un véritable moyen de se maintenir en vie. Elle nous ramène à ce qu’on appelle l’« art thérapie ». 

En effet, elle se sert de ses processus créatifs pour se réapproprier ses propres problématiques de manière thérapeutique, ce qui définit cette discipline. 

Cette méthode de soin est favorisée pour les personnes rencontrant des difficultés à s’exprimer, où la production artistique est donc proposée comme support d’expression. 

L'art-thérapie est officiellement créée aux États-Unis par Margaret Naumburg, avec Édith Kramer et Marie Pétri en 1946. Aujourd’hui,de nombreuses écoles et universités sont pourvues de cette spécialité. Elle regroupe une multitude de moyens d’expressions artistiques (plus seulement la peinture) et touche d'autres domaines que la psychiatrie. (Nouvelle vision de la santé et art thérapie)

Dans un contexte d’évolution constante de la prise en charge des patient·e·s, l’art thérapie apporte un angle passionnant en mettant en avant des artistes comme Yayoi Kusama, et permet par ailleurs une articulation entre art et médecine. Pour aller plus loin, un court documentaire de France 3 Centre-Val de Loire est disponible juste ici.

 

Rédacteur·rice : Kellen Bogaert
Publié le 03/04/2023 à 16h06
Dernière mise à jour à 16h14