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Amour, couple, célibat : et ma santé mentale dans tout ça ?

Chaque année c’est la même rengaine. A peine remis·e·s des fêtes de fin d’années, en famille ou entre ami·e·s, nous voilà assailli·e·s, pendant tout le mois de février d’invitations à trouver LE grand amour : aaaah Saint-Valentin, quand tu nous tiens !

Si la période des études supérieures est souvent celle des premières relations amoureuses sérieuses, elle est aussi le parfait moment pour profiter des joies du célibat. Dans tous les cas, il semble compliqué de passer à côté du « mois de l’amour » et des injonctions à le célébrer. Chez Nightline, on s’est alors dit que l’occasion était parfaitement trouvée pour te parler des impacts qu’ont les relations amoureuses sur la santé mentale des étudiant·e·s.
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Amour, couple, célibat : et ma santé mentale dans tout ça ?

Les joies du couple quand on est étudiant·e

La période des études supérieures est souvent synonyme de grands changements. Tu en fais peut-être l’expérience cette année : nouvelle routine, nouveau cercle d’ami·e·s, parfois nouveau logement, nouvelle ville (voire nouveau pays !). Eh bien sache que dans ton corps, et notamment dans ton cerveau, des changements d’une ampleur comparable ont lieu : ils sont le résultat d’un gros chantier entamé dès l’adolescence par la puberté (tout ça tu connais, on te refait pas les cours de SVT de quatrième). Tout cela s’exprime notamment par un intérêt plus grand pour la sexualité partagée, qui, combinée aux normes sociales valorisant le couple et à la prise progressive d’indépendance vis-à-vis des parents, résulte en l’accroissement de ton intérêt pour les relations amoureuses. En résumé, tu as beaucoup plus de chance de tomber amoureux·se et de te mettre en couple pendant tes études supérieures. OK, mais quel est l’impact de tout ça sur ta santé mentale ?

Les relations sont un élément clé du fonctionnement humain. Elles ont le potentiel d’influencer un large éventail de résultats en matière de santé mentale : bien que la flèche causale aille dans les deux sens (ton état de santé mentale influence tes relations et tes relations ont un impact sur ta santé mentale), elle est plus accentuée dans le sens allant des relations à la santé mentale : en d’autres termes tes relations ont un gros impact sur ta santé mentale — Et c’est bien normal ! Les relations aux autres sont centrales dans le fonctionnement de chacun·e d’entre nous, et il est scientifiquement prouvé qu’avoir des relations positives et bienveillantes est lié à une meilleure santé mentale. Parmi les relations que nous développons au cours de notre vie, les relations amoureuses ont une place toute particulière, notamment grâce à l’attachement qui relie les différent·e·s partenaires. Cependant, pour que tout cela fonctionne et qu’une relation amoureuse soit synonyme d’épanouissement, il faut que cette dernière soit saine. Cela signifie qu’elle doit être construite sur de solides fondations, forgées de respect, de communication, de confiance et d'équité notamment. En effet, la satisfaction de la relation (est-ce que ton couple te rend heureux·se ?) impacte davantage la santé mentale que le simple fait d’être en couple. Ainsi, plutôt que d’idéaliser les bienfaits du couple amoureux comme on le fait si souvent, il est important de se demander si nos relations sont saines.

Toujours mieux seul·e que mal accompagné·e : le poids des relations toxiques sur la santé mentale

Les relations amoureuses, on l’a vu, peuvent avoir de nombreux bienfaits sur ta santé mentale, notamment à un moment de ta vie aussi crucial que le début de l’âge adulte. Cependant, cela ne peut être le cas que lorsque les relations permettent de répondre aux besoins des individus qui les composent. Lorsque ce n’est pas le cas, elles peuvent à l’inverse être source de conflit, d’angoisse, de stress chronique et nuire à la santé mentale  des différent·e·s partenaires. Et tout cela est d’autant plus vrai pendant les études supérieures puisqu’il est démontré dans une étude que les jeunes exposé·e·s à des relations amoureuses malsaines courent un risque accru de connaître une série de problèmes de santé mentale et physique, tant à l'adolescence que plus tard dans la vie, tels que la dépression, la douleur chronique et les troubles gastro-intestinaux. 


Pour rappel, la violence verbale, émotionnelle, psychologique et sexuelle ne sont en aucun cas acceptables dans une relation amoureuse. Mais ce ne sont pas les seuls indicateurs d’une relation malsaine : certains comportements, peut-être plus compliqués à déceler, sont également toxiques et dangereux pour ta santé mentale.

« Si tu te poses des questions sur le comportement de ton/ta partenaire et que tu te sens enfermé·e dans ton couple, c’est sûrement un signe de déséquilibre. » - Comment on s'aime ?

Si tu es victime ou témoin de comportements abusifs au sein d’une relation de couple, il est important d’en parler. Tu peux notamment t’adresser à un·e professionnel·le de santé mentale ou directement à une association d’aide aux victimes de violences sexistes et sexuelles. Par ailleurs, si tu te poses des questions et que tu aimerais tester ta relation, tu peux le faire juste ici sur le site de Comment On S’aime ?  Une ligne d’écoute spécialisée est également mise à ta disposition pour en parler de manière anonyme.

Prendre conscience des limites du couple amoureux est nécessaire pour préserver sa santé mentale et ne pas se forcer à rester dans une relation qui ne nous convient pas. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’on sait que ce qui compte en réalité est la qualité du soutien social reçu. En effet, il est prouvé dans cette étude que ce n’est pas le simple fait d’être en couple qui améliore l’état de notre santé mentale, c’est plutôt le fait que les personnes en couple ont tendance à avoir un meilleur soutien social au quotidien : un·e partenaire disponible pour partager la charge mentale, pour nous écouter et nous épauler au besoin. Sauf que dans les relations malsaines ou toxiques, ce soutien social est absent. Ainsi, des personnes en couple qui ont un mauvais soutien social auront une moins bonne santé mentale que des personnes célibataires qui ont un bon soutien social (provenant d'autres sources que le couple comme la famille et les ami·e·s par exemple). 

En résumé — tu l’auras compris — pour préserver ta santé mentale et ton bien-être, mieux vaut être seul·e que mal accompagné·e !

S’aimer soi-même avant qui que ce soit : les joies du célibat quand on est étudiant·e

Comme on l’a vu, il est courant de nouer une relation amoureuse lorsqu’on est étudiant·e. C’est pourquoi le célibat est parfois mal vécu à cet âge : le fait d’être témoin des idylles de ses potes sans avoir l’occasion de vivre l’expérience soi-même peut engendrer un sentiment d’exclusion ainsi qu’un certain mal-être. Et là encore, les normes sociales n’aident pas : notre société, qui place le couple amoureux sur un piédestal, n’est pas des plus clémente envers les célibataires (surtout au mois de février). De partout, le fait de ne pas être en couple nous est présenté comme une situation subie, un état de manque incompatible avec la plénitude et le bonheur. 

Or, le célibat, n’a en soi pas particulièrement de conséquence négative sur la santé mentale. Les relations humaines sont effectivement indispensables à notre bien-être mental, mais la nature de ces relations importe peu : si tes ami·e·s, ta famille ou tes colocs te suffisent, rien ne sert de te mettre la pression pour trouver un·e partenaire romantique. Les expert·e·s expliquent au contraire que le lien entre statut relationnel et santé mentale n'est pas direct, mais est médié par le soutien social perçu. Concrètement, cela signifie que ce n'est pas le fait d'être célibataire qui est associé à une moins bonne santé mentale, mais le fait que les gens célibataires ont un soutien social moindre que les gens en couple : c'est cela qui dégrade leur santé mentale. Le lien est donc entre le soutien social dont bénéficie une personne et la santé mentale, qu'elle soit en couple ou non.

Alors si tu es célibataire, profite de tes potes, de ta famille, prends du temps pour toi et surtout ne te mets pas la pression, car avec ou sans partenaire, tu es déjà entier·ère !

Ressources

Rédacteur·rice : Rania Aït Hamoudi
Publié le 14/02/2022 à 18h21
Dernière mise à jour le 25/02/2022 à 10h52