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Je vivais hand, je mangeais hand, je respirais hand… et mon monde s’est effondré

Je m’appelle Nasrine, je suis bénévole à Nightline, porte-parole pour Nightline France ainsi qu’étudiante en Génie Biologique et Santé à Polytech Angers.
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Photo de gymnase

Je m’appelle Nasrine, je suis bénévole à Nightline, porte-parole pour Nightline France ainsi qu’étudiante en Génie Biologique et Santé à Polytech Angers.

Ma relation avec le sport a été très mouvementée jusqu’ici. Enfant, j’étais la petite fille qui était tout le temps en jogging car j’étais prête à faire n’importe quelle activité sportive. Le tout premier sport que j’ai effectué était de la gymnastique artistique, pendant 10 ans, mais ce n’était pas mon sport, je ne l’avais pas choisi, on m’y avait placée quand j’étais petite histoire que je me « défoule » et j’ai suivi.

Mais avec le changement de corps que j’ai eu à la puberté, ce sport ne me convenait plus au point où je faisais semblant d’être malade pour ne pas y aller… Le jour où j’ai réussi à dire à ma mère que je ne voulais plus du tout faire de gymnastique, elle m’a demandé de choisir un autre sport, car elle ne voulait pas que je ne fasse rien. C’est alors que je me suis dirigée vers le handball, un sport qui m’a forgée et m’a fait devenir qui je suis aujourd’hui.

J’ai commencé le handball il y a 8 ou 9 ans, j’ai vite évolué, si bien qu’à ma 3ème année je me suis retrouvée à un niveau national, mais ce niveau ne s’est pas fait sans casse. En effet, j’étais 5 jours sur 7 au gymnase, que ce soit pour ma pratique, pour assurer les entraînements des enfants que j’encadrais, ou encore pour assister aux matchs de toutes les équipes du club le week-end.

En dehors des cours, je vivais hand, je mangeais hand, je respirais hand. Je vivais tellement intensément ce qui était devenu une passion que c’est presque devenu une addiction. J’avais besoin du hand dans ma vie, c’est ce qui me rendait heureuse, j’avais mon collectif qui était devenu mes amies si bien que j’en oubliais ma famille, ce qui a créé des tensions au sein de cette dernière.

J’étais si monopolisée par le hand que lorsque je me suis faite mon premier ligament croisé (blessure au genou), mon monde s’est effondré, je ne me rendais plus au gymnase, je me suis faite opérée, et je pleurais tout le temps... Mais j’étais motivée à revenir, et j’aimais le hand, j’étais persuadée que je reviendrais !

Et en effet, un an après je revins, et je commençais d’ailleurs mes études supérieures en licence STAPS, enfin un lieu où je pouvais vivre avec le sport dans ma vie.

Malheureusement, 1 mois après ma rentrée, un mauvais mouvement et *clac*, deuxième ligament croisé. A ce moment-là j’ai cru que mon monde allait s’arrêter, que je n’allais plus jamais faire de sport, que je n’allais plus jamais aimer le sport comme avant... Rebelote, encore opérée et rééduquée... Mais cette fois, j’ai dû mettre une croix sur ma licence STAPS, en me réorientant, car il m’était impossible de continuer à faire autant de sport dans mon quotidien, et qu’une dispense entraîne un zéro en STAPS.

Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre entre mes études, mon bénévolat et le sport.

Et au niveau du handball, la coach de mon équipe m’a mise de côté, elle m’a en quelque sorte virée car selon elle j’étais « instable mentalement » sous prétexte qu’elle avait aperçu des cicatrices sur mes bras. Elle m’a dit qu’elle préférait quelqu’un de moins fort, mais de stable plutôt que moi qui avait le niveau mais qu’elle trouvait instable. A ce moment-là j’avais perdu mon équipe, ma passion et mon projet professionnel : à croire qu’avoir des problèmes de santé mentale n’étaient pas compatibles avec le sport... J’aurais aimé qu’elle me parle, qu’elle essaie de comprendre…

Depuis, je me suis peu à peu reconstruite en faisant plusieurs activités tel que mon bénévolat, ainsi que de temps en temps du sport par-ci par-là. Mon passif m’a fait me  rendre compte de plusieurs choses : que le sport était important pour une bonne santé mentale, mais qu’à l’inverse il pouvait devenir très néfaste et ruiner certaines relations. Et aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre entre mes études, mon bénévolat et le sport.

Nasrine, 22 ans

Publié le 10/10/2023 à 16h17
Dernière mise à jour le 15/12/2023 à 12h55